N'est-ce pas risqué d'aller "déterrer" le passé ?

N'est t'il pas dangereux d'aller gratter là où ça fait mal ? Est-ce vraiment utile et si bénéfique que ça de parler de ses blessures et de ses traumas d'enfance ?

Peut-être vous êtes vous déjà posé la question, ou peut-être même que vos proches et votre entourage vous ont mis en garde, car après tout selon l'adage populaire, le passé appartient au passé alors rien ne sert d'en parler pendant des heures et encore moins d'en faire une thérapie.

En soit, ce n'est pas faux, le passé appartient bien au passé. Seulement, il n'est pas toujours si loin de nous, au présent, quand il se manifeste sous forme de dépression, de burn out, d'anxiété sévère, de difficultés relationnelles et de faible estime de soi voire de dévalorisation personnelle constante.

Alors oui, le passé appartient au passé mais pour qu'il le reste bel et bien et pour passer de l'autre côté de la passerelle, celle du présent et de l'avenir soulagé, la libération de ce passé ne peut rester une option.

L'introspection, qu'est-ce que c'est ?

Quand on parle de thérapie, parfois cela peut faire peur car on craint de ne pas savoir quoi dire, on s'imagine souvent parler tout(e) seul(e),  faire face à un(e) psy peu loquace et l'idée même de devoir raconter ses plus intimes secrets, ses plus instables moments de vie, ses plus douloureuses expériences, finit d'achever les pires scénarios de thérapies catastrophes que l'on a pu se faire dans notre esprit.

La thérapie d'aujourd'hui n'a, pour bon nombre de thérapeutes, plus rien à voir avec ce qu'elle pouvait être auparavant.

A une époque, "aller chez le psy" nous reléguait au statut de "fou", de "folle". 

Aujourd'hui la thérapie est à la mode, et même si c'est une "bonne" chose en soit, elle n'est pourtant pas toujours comprise comme il se doit, encore moins en ce qui concerne les traumas lourds de l'enfance.

Mais alors, la psychothérapie ça sert à quoi ?

La psychothérapie telle que je la pratique est une manière de rendre hommage à la personne que vous êtes, de reprendre les rennes de votre existence en commençant par vous redonner cette place qui vous appartient. Vous le savez maintenant pour celles et ceux qui me lisent régulièrement qu'en matière d'inceste et d'incestuel, cette notion de place et d'existence a fortement été mise à mal pour l'adulte en devenir que vous étiez à l'époque de votre enfance. La thérapie personnelle est donc une magnifique voix d'accomplissement individuel et ce mot n'est pas anodin. Le concept même de l'individualité est étranger pour quiconque a vécu dans un climat familial dysfonctionnel puisque la famille y est perçue comme un tout, une seule et unique cellule où l'affirmation personnelle n'est pas de mise.

Lorsque vous entamez une psychothérapie entendez, vous mettre au diapason avec vous-même et être au coeur de votre démarche. En effet il serait trompeur et illusoire de penser que votre thérapeute est le seul maitre à bord de cette relation d'aide thérapeutique que vous nouez avec lui. La thérapie est une démarche d'épuration, de traite et de purge de tout ce qui bloque, de tout ce qui empêche d'aller de l'avant et d'investigation de soi.

Aller sur le chemin de la thérapie, c'est partir en voyage, partir en quête de soi et donner vie à des consciences jusque là oubliées, maintenues à l'écart ou ignorées. Il ne s'agit pas de parler de nos problèmes, de reprocher aux uns ou aux autres nos difficultés, ni d'être dans une posture d'attente que le thérapeute fasse le travail à notre place. Si vous voulez vraiment avancer dans votre démarche de connaissance de vous-même, alors comprenez que vous en êtes la clé, votre thérapeute est là pour vous aider à ouvrir les portes de votre inconscient et à faire remonter à la surface des ressentis et conscientisation. L'aventure de la psychothérapie c'est un investissement sur soi, par soi et avec soi non pas dans un but de blâmer, de reprocher ni même de rejeter toutes nos douleurs de vie sur les autres mais bien d'aller puiser en soi la force de sublimer ces douleurs pour qu'elles cessent d'être des souffrances au long cours. En ça, comprenez que la souffrance ne peut être que continu si la douleur primaire n'a pas été évacuée. C'est bien la souffrance qui maintient dans ce cercle enfermant du conditionnement victimaire et c'est l'addiction inconsciente à cette souffrance qui entrave fréquemment la bonne tenue d'une psychothérapie.

Un autre regard sur soi et son histoire personnelle

Le but réel de la psychothérapie est de cesser de subir son passé tout en acceptant de le regarder en face, sans fioritures, sans fards, sans filtres. En tant qu'inconditionnelle de la reconnexion avec soi, je ne peux qu'être convaincue des bénéfices de la psychothérapie, d'autant plus lorsque l'on souhaite porter un autre regard sur soi que celui perçu jusque là.

Une chose est sûre, la psychothérapie si elle offre une ouverture d'esprit et une conception nouvelle sur notre vie est aussi une opportunité de se rapprocher de l'amour de soi et des autres, en acceptant de se confronter à des vérités parfois difficiles.

Il serait illusoire de croire que le changement se fait dans la douceur. La psychothérapie est parfois douloureuse quand les émotions se libèrent, quand des portes verrouillées s'ouvrent enfin, quand les illusions s'effondrent.

Mais comme je vous l'ai dit, il est illusoire de croire que la thérapie n'ira que dans un sens, celui que l'on veut voir et non les autres, ceux que l'on a omis de prendre par "confort", par "peur", par "facilité".

La psychothérapie est un investissement personnel à tout point de vue.

Il m'a fallu personnellement de longues années pour sortir des méandres de l'incestuel et de l'inceste. Rien ne se fait en un claquement de doigt, mais si l'on est déterminé à poursuivre sa vie en étant en vie et non en survie alors la psychothérapie est une voie royale.

La peur de ne pas savoir quoi dire ou de découvrir des choses que l'on ne veux pas voir

Se retrouver face à un inconnu que l'on ne connait pas et devoir parler de soi représente pour beaucoup de personnes une épreuve inimaginable, aussi parce que parler de soi n'est pas naturel pour tout le monde ou parce que l'on pense n'avoir rien à raconter d'intéressant.

Aussi finalement, la peur du risque n'est pas de remuer le passé, elle est souvent liée au concept de mérite et de réussite quand au dépassement de l'étiquette "d'invalide" que le climat incestuel ou l'inceste colle à la peau.

Je compare souvent l'incestuel a un poison. Un poison de mazout qui englue les individus dans une condition totalement bloquante et surtout incorrecte.

Une autre vie est possible. Une vie parfaite ? Non. Une vie toute rose et pailletée ? Non plus. Une vie plus vraie et authentique ? Oui. Oui, parce que le chemin de la psychothérapie fait grandir, fait évoluer, fait prendre conscience de sa valeur personnelle, mais pour ça il faut faire le premier pas !