Victimes d'inceste et d'incestuel, vous avez des droits !

L'une des particularités communes aux personnes victimes d'incestualité réside dans l'abolition de leur discernement quand aux atteintes portées à leur intégrité physique et mentale. Grandir en étant déshumanisé, c'est être biaisé et désorienté dans le rapport à soi et au respect personnel. Il est donc d'autant plus important de rappeler que, comme tout être humain, vous avez des droits et qu'il vous faut les faire valoir, en commençant par vous en convaincre intimement.

Ces droits, quels sont-ils ?

- Le droit d'accorder votre confiance ou non : vous disposez du choix de la confiance octroyée à celui, celle ou ceux qui ont abusés de vous. Ce droit vous revient pleinement, il ne peut être demandé ou pris à votre place par quiconque.
Votre confiance a de la valeur, elle est un privilège qui ne doit pas être pris à la légère.

- Le droit des conditions requises à vous côtoyer : vous disposez d'un droit de regard quand à l'engagement relationnel voulu avec celui, celle ou ceux qui ont abusés de vous. Les retrouvailles, si tant est qu'il puisse y en avoir, leur fréquence comme le lieu, sont à réfléchir en amont et doivent être mises en application en tenant compte de vos prérogatives.
Vous côtoyer a de la valeur et n'est pas un service à rendre en vue de satisfaire les désirs ou us et coutumes familiaux.

- Le droit au respect des faits et des dommages causés : vous disposez du droit d'être respecté dans votre point de vue quand aux dommages causés dans votre existence, dans votre corps, dans votre esprit par les abus perpétrés à votre encontre.
Vous seul(e) l'avez vécu dans votre corps, il n'appartient à personne de s'en exprimer à votre place.

- Le droit à ne pas être ignoré(e) : vous disposez du droit à la reconnaissance de votre statut de victime. L'enfant que vous étiez a été abusé(e), l'ignorance de cette réalité ne peut être tolérée. Si tout l'entourage n'est pas en mesure d'entendre l'étendu des abus auxquels vous avez été soumis(e), personne n'a l'autorisation de s'en détourner en les minimisant, en les banalisant ou en les ignorant.
Votre voix a du mérite, elle a du poids, il vous revient de ne plus être rendu au silence.

- Le droit des suites judiciaires à donner aux abus subis : vous disposez du droit de prendre les justes décisions juridiques, en fonction de votre situation.
Votre parcours étant personnel, propre à votre vécu, vous seul(e) en êtes décisionnaire. Vous orienter vers les justes professionnels capables de vous conseiller est l'assurance d'être renseigné au mieux en toute impartialité.

Le viol d'un enfant n'est jamais une erreur, toujours une mise à mort identitaire.
Rendre sa pleine légitimité et humanité à la personne que vous êtes est de ce fait primordial pour affronter la peine, la souffrance et la douleur qui peuvent vous traverser.

Le devoir de mémoire est aussi nécessaire, non pas pour alimenter l'effroi ni pour s'enfermer toujours plus dans la pénibilité de la survie, même bien pour nourrir l'espérance d'une vie meilleure, pour s'en convaincre par l'expérience gratifiante de l'affirmation de soi.

Claire GOTTA